Haltérophilie /  Euro 2007 à Strasbourg

 

Au soleil de Souad

6e à l'arraché, avec un nouveau record de France (90 kg), Souad Dinar, alors en course pour le bronze, a manqué de peu 118 kg à l'épaulé-jeté. L'Istréenne a rempli son contrat. Portrait d'une gymnaste qui a découvert la fonte sur le tard.

Souad Dinar : contrat rempli.
(Photo DNA-Christian Lutz-Sorg)

Souad Dinar, 29 ans, n'est pas tombée dedans quand elle était petite. Et pourtant, elle est intarissable dès lors que l'on aborde le sujet « poids et haltères ». « C'est un sport fascinant, mais hélas trop méconnu. Les gens ont de l'haltérophilie une imagé faussée et négative. Celle du dopage et de sumos soulevant de la fonte. J'espère que ce championnat d'Europe à Strasbourg sera l'occasion pour le public de découvrir notre discipline et de l'apprécier à sa juste valeur. »

« Le déclic, c'est ma première sélection en équipe de France. Un vrai coup de fouet »

 Sportive accomplie, Souad Dinar pratique la gymnastique et le volley-ball, lorsque l'haltérophilie s'immisce dans sa vie à 17 ans. « C'était option obligatoire au Bac, raconte-t-elle. Je n'avais donc pas le choix au départ. Puis j'ai été séduite par l'ambiance conviviale et chaleureuse qui régnait en UNSS. Ça m'a aidée et surtout donné envie d'aller plus loin dans la découverte de ce sport, d'autant que quelques mois plus tard, je me suis retrouvée qualifiée pour les championnats de France cadettes... J'ai dit alors : pourquoi pas ? Et je me suis laissé prendre au jeu. »

 Dès lors, la roue va tourner très vite. A chaque championnat de France disputé, Souad Dinar s'offre une nouvelle médaille. Elle détient aujourd'hui les records de France de l'arraché et de l'épaulé-jeté à la fois en 58 kg et en 63 kg. « Le déclic, c'est ma première sélection en équipe de France. Un vrai coup de fouet, explique-t-elle. Et mon vécu en gymnastique m'a aidée, notamment au niveau de la souplesse, de la coordination des mouvements. L'haltérophilie est un sport qui nécessite des qualités de détente et d'explosivité. »

« L'haltérophilie ne ralentit pas la croissance et ne produit pas des grosses... »

 Boute-en-train de l'équipe de France, l'haltérophile d'Istres est restée fidèle à sa région natale, plutôt que d'émigrer à l'Insep de Paris. « J'ai mes racines en Provence, ma famille, mes ami(e)s et mon...mari, le président du club, que j'ai épousé entre deux stages de l'équipe de France. »

 Et c'est ainsi que Souad Doual est devenue Souad Dinar. Les initiales sont les mêmes et l'ambition s'est décuplée. 13e au championnat du monde de St-Domingue, la Française veut se refaire une santé. « C'est difficile à croire, mais en République Dominicaine, j'ai été affaiblie par un... refroidissement, probablement les effets de la climatisation à l'hôtel et dans le bus qui nous conduisait sur le site de la compétition. »

 Mais sous ses airs enjoués, Souad est une forcenée de la fonte. « Je m'entraîne 2h30 par jour, confie-t-elle. On répète les mouvements, on peaufine la technique, on travaille la musculation. Mais encore une fois, l'haltérophilie est une discipline à découvrir. Elle canalise l'énergie, permet l'aboutissement de soi-même. C'est un peu comme la gym, tu ne t'aventures pas à tenter un saut, si tu ne maîtrises pas la technique. Et je voudrais aussi envoyer un message personnel aux filles soucieuses de leur ligne : l'haltérophilie ne ralentit pas la croissance et ne produit pas des grosses... »

 Hier soir, chez les moins de 63 kg, Souad Dinar a rempli son contrat dans une catégorie aussi serrée que relevée. Un record de France à l'arraché (90 kg) et un second manqué d'un rien à l'épaulé-jeté à 118 kg, alors qu'elle était encore dans le coup pour un podium.

 Elle a accepté ce manque de réussite avec le sourire, sachant que le meilleur est à venir pour cet athlète de tempérament qui a ensoleillé cet Euro féminin.

Patrick Schwertz

Édition du 20 avril 2007