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Au soleil de Souad
6e à
l'arraché, avec un nouveau record de France (90 kg), Souad Dinar, alors en
course pour le bronze, a manqué de peu 118 kg à l'épaulé-jeté. L'Istréenne a rempli
son contrat. Portrait d'une gymnaste qui a découvert la fonte sur le tard.
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Souad
Dinar : contrat rempli.
(Photo DNA-Christian Lutz-Sorg)
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Souad Dinar, 29 ans,
n'est pas tombée dedans quand elle était petite. Et pourtant, elle est
intarissable dès lors que l'on aborde le sujet « poids et haltères ».
« C'est un sport fascinant, mais hélas trop méconnu. Les gens ont de l'haltérophilie une imagé faussée et
négative. Celle du dopage et de sumos soulevant de la fonte. J'espère
que ce championnat d'Europe à Strasbourg sera l'occasion pour le public de
découvrir notre discipline et de l'apprécier à sa juste valeur. »
« Le déclic, c'est ma première sélection
en équipe de France. Un vrai coup de fouet »
Sportive accomplie, Souad
Dinar pratique la gymnastique et le volley-ball, lorsque l'haltérophilie
s'immisce dans sa vie à 17 ans. « C'était option obligatoire au Bac,
raconte-t-elle. Je n'avais donc pas le choix au départ. Puis j'ai été séduite
par l'ambiance conviviale et chaleureuse qui régnait en UNSS. Ça m'a aidée et
surtout donné envie d'aller plus loin dans la découverte de ce sport, d'autant
que quelques mois plus tard, je me suis retrouvée qualifiée pour les
championnats de France cadettes... J'ai dit alors : pourquoi pas ? Et
je me suis laissé prendre au jeu. »
Dès lors, la roue va tourner
très vite. A chaque championnat de France disputé, Souad Dinar s'offre une
nouvelle médaille. Elle détient aujourd'hui les records de France de l'arraché
et de l'épaulé-jeté à la fois en 58 kg et en 63 kg. « Le déclic, c'est ma
première sélection en équipe de France. Un vrai coup de fouet, explique-t-elle.
Et mon vécu en gymnastique m'a aidée, notamment au niveau de la souplesse, de
la coordination des mouvements. L'haltérophilie
est un sport qui nécessite des qualités de détente et
d'explosivité. »
« L'haltérophilie ne ralentit pas la
croissance et ne produit pas des grosses... »
Boute-en-train
de l'équipe de France, l'haltérophile d'Istres est restée fidèle à sa région
natale, plutôt que d'émigrer à l'Insep de Paris. « J'ai mes racines en
Provence, ma famille, mes ami(e)s et mon...mari, le président du club, que j'ai
épousé entre deux stages de l'équipe de France. »
Et c'est ainsi
que Souad Doual est devenue Souad Dinar. Les initiales sont les mêmes et
l'ambition s'est décuplée. 13e au championnat du monde de St-Domingue, la
Française veut se refaire une santé. « C'est difficile à croire, mais en
République Dominicaine, j'ai été affaiblie par un... refroidissement,
probablement les effets de la climatisation à l'hôtel et dans le bus qui nous
conduisait sur le site de la compétition. »
Mais sous ses airs
enjoués, Souad est une forcenée de la fonte. « Je m'entraîne 2h30 par
jour, confie-t-elle. On répète les mouvements, on peaufine la technique, on
travaille la
musculation. Mais encore une fois, l'haltérophilie est une discipline à
découvrir. Elle canalise l'énergie, permet l'aboutissement de soi-même. C'est
un peu comme la gym, tu ne t'aventures pas à tenter un saut, si tu ne maîtrises
pas la technique. Et
je voudrais aussi envoyer un message personnel aux filles soucieuses de leur
ligne : l'haltérophilie ne ralentit pas la croissance et ne produit pas des
grosses... »
Hier soir, chez
les moins de 63 kg, Souad Dinar a rempli son contrat dans une catégorie aussi
serrée que relevée. Un record de France à l'arraché (90 kg) et un second manqué
d'un rien à l'épaulé-jeté à 118 kg, alors qu'elle était encore dans le coup
pour un podium.
Elle a accepté
ce manque de réussite avec le sourire, sachant que le meilleur est à venir pour
cet athlète de tempérament qui a ensoleillé cet Euro féminin.